Il allait tenter un incroyable coup de poker. Revenir à la musique après des années d'absence, de tourments et de solitude. Michael Jackson s'apprêtait à revenir sur scène le 13 juillet pour une série de concerts à Londres au «O2», imposante salle de 17 000 places.
L'annonce de ses nouveaux shows avait affolé les foules. Près de 750 000 billets avaient été vendus en quelques heures. Du jamais-vu. Comme d'habitude avec Michael Jackson, star de tous les records, de toutes les démesures. Enfant prodige, Michael Jacskon était le septième d'une famille de neuf dirigée de main de maître par un père tyrannique, menant à la baguette le premier groupe familial : les Jackson 5. Visage poupon, sourire radieux obligatoire, le gamin de 6 ans faisait déjà merveille dès 1964 avec «I want you back» ou «ABC», sublimes perles soul qui resteront des classiques éternels.
«Thriller», 104 millions d'exemplaires vendus
C'est en solo que le destin de Jackson bascule. En 1979, il signe un premier gros succès mondial : «Off the Wall». Rien à côté de ce qui va suivre : le mythique «Thriller», paru en 1982. Emmené par des énormes hit «Beat it», «Billie Jean», «Wanna Be Startin Something», l'album se vend au total à près de 104 millions d'exemplaires. Un record historique à ce jour. Ou comment un artiste noir américain touchait l'ensemble du public, à commencer par les blancs. «Black or white», chantait-il en 1991, cette fameuse couleur, objet de toutes les polémiques autour de l'artiste accusé de ce dépigmenter la peau de renier ses racines afro-américaines.
Un procès pour pédophilie
Un exemple parmi tant des rumeurs qui ont entouré l'artiste depuis plusieurs années. Sous les yeux du monde, Michael Jackson se transformait, physiquement, mentalement aussi, enfermé dans une tour d'ivoire, une éternelle naiveté enfantine qui lui avait fait baptisé sa somptueuse villa «Neverland», clin d'œil à Peter Pan, le gamin qui ne voulait pas grandir. Une personnalité désarmante qui l'avait emmené jusque devant les tribunaux, lors d'un procès retentissant pour pédophilie.
Un demi-échec en 2001
En 2005, Michael Jackson s'en était sorti miraculeusement indemne, acquitté. Mais le mal était fait. Après le demi-échec de son dernier album en date, «Invicible», en 2001, vendu «seulement» à 10 millions d'exemplaires, on ne parlait plus de lui pour la musique. On finissait par oublier la carrière légendaire, les années 80 triomphales, entre «Bad» et l'hymne «We are the world» pour l'Afrique, pour ne retenir que le reste : les scandales judiciaires, les maladresses avec ses enfants qu'il promenait cachés derrière un voile noir ou suspendait dans le vide à une fenêtre d'une chambre d'hôtel, les supputations financières qui le disaient ruinés.
Des dates à Bercy, au cas où
Et puis l'an passé, «Thriller» était réédité pour son 25ème anniversaire, comme un premier signe de retour à l'essentiel, la musique. Et soudain, on redécouvrait la fulgurance du chanteur, le génie du compositeur, le disque qui avait changé la face de la musique. Michael Jackson était encore capable de rebondir, de surprendre. Il avait stupéfait la terre entière, le 5 mars dernier, en annonçant son retour sur scène cet été à Londres. Il avait même été question qu'il s'engage dans une vraie tournée. Une série de dates à Bercy en juillet avait même été bloquée il y a plusieurs mois, au cas où. Sans suite. Car à peine cette annonce lancée et plusieurs centaines de milliers de places vendues, la star faisait déjà un pas en arrière, reportait la plupart des concerts à février prochain. Certains, déjà, n'y croyaient plus. Comme à cette crise cardiaque impensable.
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