Douze inédits en studio ; soixante minutes de Jimi Hendrix pas encore entendues." L'annonce qui accompagne la sortie du disque Valleys of Neptune permet de brasser large. "Inédits", cela veut dire des versions différentes de compositions déjà publiées du vivant du guitariste de Seattle - ou parues officiellement après sa mort le 18 septembre 1970, à l'âge de 27 ans - et cinq chansons jusqu'alors inconnues du public non spécialisé, qui peuvent plus ou moins être classées sous l'appellation "nouveautés".
Alors ce Valleys of Neptune, un recueil de documents inestimables ou des rogatons récupérés sur une étagère ? Bonne ou mauvaise pioche, à l'occasion du passage du catalogue Hendrix d'une major du disque à l'autre, soit d'Universal Music à Sony Music ? Disons plutôt bonne pioche.
Maîtrise collective
Sans avoir la cohérence de First Rays of the New Rising Sun, publié en 1997 et qui pouvait prétendre à avoir le statut de quatrième album studio d'Hendrix - il avait établi une liste et un ordre des chansons destinées à figurer dans cet album - Valleys of Neptune est avant tout un intéressant document sur la manière dont Hendrix remettait régulièrement son ouvrage en jeu. Avec une dominante, des enregistrements réalisés début 1969.
On trouvera d'une part ici plusieurs titres travaillés en studio, avant deux concerts au Royal Albert Hall, à Londres, les 18 et 24 février 1969. Avec le bassiste Noel Redding (1945-2003) et le batteur Mitch Mitchell (1947-2008), Hendrix donne tout son sens au nom de son trio, Experience. La maîtrise collective porte la musique au-delà du document de répétitions, dont une partie avait déjà été publiée dans le coffret de 4 CD The Jimi Hendrix Experience (Experience Hendrix/Universal Music, 2000).
L'autre grand pan de cet ensemble, ce sont les cinq "nouveautés". En réalité, seule une, Valleys of Neptune, l'est réellement. Mr. Bad Luck, Ships Passing Through the Night et Lullaby for the Summer font plutôt entendre ce que seront, une fois remaniées, passées par la phase du concert et le retour au studio, des compositions qui ont trouvé, sous d'autres titres, leur place dans des albums d'Hendrix. Quant à Crying Blue Rain, c'est une improvisation blues.
Et puis il y a cette chanson, Valleys of Neptune, enregistrée au Record Plant Studios, à New York, le 23 septembre 1969 et retravaillée le 15 mai 1970. Billy Cox, bassiste afro-américain, a remplacé l'Anglais Noel Redding. La chanson a l'allant des titres les plus aboutis d'Hendrix, cette capacité à ouvrir les portes de l'imagination, emporté par une indescriptible - incompréhensible même - manière guitaristique.
Valleys of Neptune, de Jimi Hendrix. 1 CD Experience Hendrix/Legacy-Sony. Rééditions de "Are You Experienced ?", "Axis : Bold as Love", "Electric Ladyland" et "First Rays of the New Rising Sun", augmentées d'un DVD par album.
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